Les chevaux de Saint-Marc by Jean Diwo

Les chevaux de Saint-Marc by Jean Diwo

Auteur:Jean Diwo [Diwo, Jean]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Historique
ISBN: 9782081302075
Éditeur: Flammarion
Publié: 2002-03-17T23:00:00+00:00


Bien me dusse abstenir

De chanson faire et de mots et de chants

Quand il me faut partir

De la mailleure de toutes les vaillants.

Puis il se moqua de son accent du Nord :

Quoique ne soit ma parole françoise

Si la peut-on bien entendre en françois

Et ceux ne sont bien appris ni courtois

S'ils m'ont repris si j'ai dit mot d'Artois

Car je ne fus pas nourri à Pontoise.

Il chanta encore des vers de son ami et émule le châtelain de Coucy qui avait pris part à la troisième croisade et était mort peu de temps avant à la quatrième. Puis, comme tout cela était un peu triste, on but encore quelques précieux flacons du Patriarche tandis qu'un sergent passait l'aiguière et le bassin d'argent. Enfin tout le monde se leva pour reconduire les dames jusqu'à leur demeure. Villehardouin, galant, offrit son bras à l'impératrice Agnès, et Conon prit sans façon celui de la princesse Félicie.

Alice prétexta une mule délacée pour laisser aller reines et chevaliers et rentrer seule serrée contre Guillaume. Au détour de la grande allée ils eurent un regard pour le banc de marbre qui faisait déjà partie de leur histoire et s'enlacèrent. Elle était chaude et palpitante, il sentait monter son désir mais les circonstances ne se prêtaient pas à des ébats plus poussés qu'un baiser.

– Un autre jour nous irons peut-être plus loin ensemble, dit-elle, souriante, en le quittant sur les marches du perron.

Guillaume, dont les pensées vacillaient, répondit platement qu'il le souhaitait. Il avait besoin de se remettre de ce festin si éloigné de la piété et de l'enthousiasme religieux de la prise de croix. Il marcha longtemps dans le parc avant d'aller se coucher et de s'endormir.

*

* *

Guillaume n'avait revu qu'une fois Alice dans le parc lorsque arriva le jour du couronnement. Le sacre du comte Baudouin de Flandre était aussi celui de la croisade qui, certes, n'avait pas rempli sa sainte mission mais avait gagné, ce n'était pas rien, un royaume : l'Empire latin de Constantinople.

Tout ce que la croisade comptait de hauts hommes monta vers le palais de Bouche-de-Lion pour aller chercher le comte de Flandre et le conduire à Sainte-Sophie. Évêques, abbés, barons et la plupart des chevaliers étaient là. Beaucoup s'étaient fait tailler en ville des habits neufs, robes de samit ou de soie ; tous avaient revêtu leurs plus beaux manteaux, quitte à mourir de chaud car ce 16 mai 1204 s'annonçait aussi ardent qu'enthousiaste.

Le chapitre était naturellement là, au grand complet. Geoffroi de Villehardouin et Conon de Béthune faisaient même partie du groupe d'honneur chargé de veiller sur le nouvel empereur et de l'escorter jusqu'à la fin de la cérémonie. Ainsi entouré, suivi par l'ensemble des hauts hommes auxquels s'étaient joints les Vénitiens, le comte de Flandre fut conduit jusqu'à Sainte-Sophie.

Derrière le maître-autel, une porte d'or ouvrait sur une chambre couverte de mosaïques bleues qui engageaient au recueillement. Un siège simple y attendait le futur empereur qui pouvait découvrir, posés sur des tréteaux, les vêtements dont on allait le revêtir. L'évêque de Soissons



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